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Projets Alimentaires Territoriaux : une dynamique locale au service de la transition

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Publié le 11 juin 2025 Mis à jour le 1 octobre 2025

Le Plan stratégique national (PSN), déclinaison française de la PAC, fixe des objectifs ambitieux pour relocaliser l’agriculture, mieux répartir la valeur et adapter les filières au climat. Plus globalement, les politiques publiques mises en places cherchent à correspondre à ces objectifs. Mais comment ces intentions se concrétisent-elles ? Sur le terrain, les Projets alimentaires territoriaux (PAT) tracent le chemin. Pensés à l’échelle locale, ils refondent les systèmes alimentaires en reconnectant production, distribution et consommation. Exemple avec le PAT de Toulon Provence Méditerranée.

Pommes
/ Cheick Saidou, agriculture.gouv.fr

Épidémie du Covid, crise climatique, inflation alimentaire, hausse des droits de douane sur les importations agricoles… Ces événements, rappelant la vulnérabilité des chaînes alimentaires mondialisées, ont mis la souveraineté et la résilience alimentaires au cœur des priorités politiques mais aussi des attentes de la société. En France, les Projets alimentaires territoriaux (PAT), créés par la loi d’avenir pour l’agriculture de 2014, sont devenus des leviers clés pour répondre à l’urgence de reconstruire un système alimentaire durable en réunissant collectivités, agriculteurs, citoyens et acteurs associatifs et économiques. Pensés pour relocaliser la production, améliorer les repas en restauration collective et accompagner la transition écologique, ils sont devenus incontournables pour mettre en œuvre les objectifs également exprimés au sein du PSN à l’échelle locale. « Un PAT, c’est un territoire, quelle que soit sa géographie, qui choisit de travailler sur son système alimentaire pour le rendre plus local, plus sain, plus durable », résume Karine Pascal-Suisse, cheffe du service régional de l’alimentation à la DRAAF de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur (PACA). 


Soutenus par le plan France Relance, les PAT se sont rapidement développés à partir de 2021. En 2024, avec 454 démarches engagées sur le territoire national, ils couvrent 63 % de la surface agricole utile de la France. En PACA, 29 PAT sont recensés. Parmi eux, celui de Toulon Provence Méditerranée (TPM) où la métropole travaille depuis 2015 sur la reconquête du foncier agricole. « Des crises agricoles successives, conjuguées à la concurrence des productions espagnoles et italiennes, ont conduit à l’abandon de nombreuses terres. Elles sont ensuite devenues des zones de spéculation. La métropole représente le plus grand bassin de vie du Var et le plus vaste bassin agricole du département mais une large partie des terres agricoles inscrites dans les PLU est à l’état de friche », rappelle Cécile Martinez, cheffe du service agriculture, aquaculture et pêche de la Métropole Toulon Provence Méditerranée (TPM). Initialement centrée sur la reconquête foncière, la stratégie s’est élargie pour inclure la précarité alimentaire, les circuits courts, la restauration collective, l’adaptation au changement climatique et la santé – autant de thématiques requises pour la labellisation PAT. 

État, Région, réseau rural : une gouvernance à plusieurs voix

En PACA, la CO’ALIM, regroupant la Direction régionale de l'Alimentation, de l'Agriculture et de la Forêt (Draaf), la Région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur, l’Agence Régionale de Santé, l’ADEME, la Direction régionale de l'économie, de l'emploi, du travail et des solidarités (Dreets) et la Direction régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement (Dreal), assure la labellisation des PAT. Cette structure oriente également les porteurs de projets vers les financements possibles (FEADER comme LEADER via les Groupes d’action locale), agences de l’eau, mais aussi des dispositifs comme l’Agenda 21. « On a la chance d’avoir un partenariat État-Région très constructif. Ce comité permet d’identifier des leviers de financement qu’on n’aurait pas trouvés seuls », insiste Karine Pascal-Suisse. Le réseau rural régional, lui, joue un rôle de mise en lien en favorisant l’échange de pratiques, la co-construction d’outils et des journées techniques. « On ne peut pas tout inventer tout seul. En bénéficiant de l’expérience des autres, on va aussi plus loin et plus vite », assure Camille Pesquet, chargée de mission PAT à TPM. 

Un PAT opérationnel au service du territoire

Labellisé niveau 1 en 2019, le PAT de TPM a obtenu le niveau 2 en 2024, attestant de sa pleine opérationnalité. Dans le cadre de ce projet, trois marchés de producteurs ont vu le jour, un magasin collectif a ouvert à Hyères, des cueillettes solidaires ont permis de redistribuer plus de 2 tonnes de fruits et légumes invendus en 2024. « La métropole a également réalisé un vaste diagnostic de la restauration collective afin d’évaluer la capacité des établissements à répondre aux objectifs de la loi EGALIM. Le fonds planification écologique de la DRAAF a permis de financer un programme d’accompagnement composé d’une formation avec le Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT) pour sensibiliser les agents aux enjeux de la restauration durable, ainsi qu’un diagnostic approfondi de cantines pilotes dans chaque commune suivie d’un plan d’action personnalisé. Enfin, un troisième axe de ce projet vise la sensibilisation des enfants à l’alimentation durable et au gaspillage alimentaire », détaille Camille Pesquet. Côté foncier, la métropole a acquis deux hectares pour y installer deux jeunes agriculteurs en agroforesterie, avec l’appui de la SAFER et de la chambre d’agriculture du Var. Enfin, la métropole accompagne l’expérimentation de cultures tropicales pour anticiper les effets du changement climatique. 

Pour Karine Pascal-Suisse, toutes ces actions constituent des réponses concrètes et territorialisées aux objectifs de protection de l’environnement, de développement de l’économie rurale et de production durable. « Eau, sol, air, santé, environnement, biodiversité, reconquête du foncier, installation de nouvelles agricultures, tous ces objectifs qui sont définis par le PSN sont dans le périmètre des PAT », insiste-t-elle. Mais l’ambition dépasse ce seul cadre. Les PAT s’articulent également avec la Stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat, qui décline les grands objectifs d’une alimentation durable, moins émettrice de gaz à effet de serre, respectueuse de la santé humaine, protectrice de la biodiversité et garante de la souveraineté alimentaire. L’objectif affiché est de couvrir 80 % du territoire avec des PAT labellisés niveau 2. « C’est une utopie, peut-être, mais le PAT est au service de cette utopie : devenir un territoire plus autonome et résilient », résume Cécile Martinez.

« Eau, sol, air, santé, environnement, biodiversité, reconquête du foncier, installation de nouvelles agricultures, tous ces objectifs qui sont définis par le PSN sont dans le périmètre des PAT »

Karine Pascal-Suisse, cheffe du service régional d'alimentation de la DRAAF PACA

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