Le développement rural par la coopération [MCDR]

Quatre années d’itinérances, de rencontres et de travaux, de partages… Entre 2018 et 2022, le projet d’action-recherche "Le développement rural par la coopération" a permis de produire, mettre en œuvre et diffuser de nouvelles connaissances sur la coopération, afin d’en faire une source de développement pour les territoires ruraux. Initié par l’InsTerCoop, ce projet a été piloté et animé par une gouvernance coopérative réunissant des représentants des partenaires associés à la démarche : la CGSCOP, Coopérer pour Entreprendre, la FNCUMA, le RTES, le RNMA ainsi que cinq Réseaux ruraux régionaux.

Approfondir les connaissances sur la coopération

Pour dépasser la compétitivité et la concurrence entre acteurs d'un même territoire, la coopération s'avère être un puissant levier de développement qui pourrait être davantage mobilisé. Entre 2015 et 2017, l’InsTerCoop avait déjà consacré une première séquence de recherche à ce sujet, débouchant sur le concept de maturité coopérative. "Il s’agit de la capacité individuelle, collective et territoriale à développer des aptitudes coopératives durables et inconditionnelles, qui ne dépendent ni du contexte, ni de la situation, ni des personnes, précise Patrick Beauvillard, co-fondateur de l’InsTerCoop. Aux débuts du projet, nous faisions le pari que la coopération est un peu comme la course à pied : une pratique innée qui s’améliore avec de l’entrainement !" Le projet "Le développement rural par la coopération" a permis d’approfondir les connaissances sur ce processus. Il a contribué à mettre en lumière les ressorts profonds et implicites qui entrent en jeu dans l’émergence de la coopération, à l’échelle personnelle et collective : relation renouvelée à soi-même et à l’autre, échanges d’égal à égal, mise en avant de l’intérêt général qui caractérise les projets coopératifs, etc.

4 itinérances, 43 collectifs, 40 lieux d’expérimentation

Pour expérimenter la coopération sur les territoires, l’équipe d’action-recherche d’InsTerCoop a parcouru cinq régions au cours de quatre itinérances de quatre à six semaines : Grand-Est, Auvergne-Rhône-Alpes, Normandie, Pays de la Loire, Bourgogne-Franche-Comté. Au programme, des rencontres avec une quarantaine de groupes et collectifs porteurs de projets de coopération. Ces échanges ont permis de mettre à l’épreuve du réel le concept de maturité coopérative et d’évaluer celle des acteurs croisés en chemin. Après six mois à dix-huit mois, les praticiens-chercheurs sont revenus rencontrer ces acteurs avec lesquels ils avaient déjà dialogué, afin de jauger et de renforcer leurs apprentissages coopératifs. "Les retours ont été très positifs, les personnes ont souligné en particulier leur conscientisation des apports de la coopération. Elles ont aussi constaté qu’un territoire se définit moins par ses limites géographiques que par les projets développés par ses habitants, en fonction des liens tissés entre eux." Petit bémol toutefois, la période marquée par l’épidémie de Covid-19 a modifié la nature des échanges engagés : "Cette expérience nous a permis de toucher les limites du tout- technologique ; la coopération virtuelle donne des résultats moins probants que les temps coopératifs en présentiel" explique Patrick Beauvillard.

Une diffusion à l’échelle nationale

Les connaissances et apports issus du projet ont été diffusés partout en France métropolitaine. Pensée en amont du projet, cette diffusion a utilisé une palette de supports et moyens variés, afin de toucher différents publics. Un livret intitulé Faire de la coopération une source de développement a ainsi été distribué à 6 000 exemplaires, et 21 conférences ont été organisées sur le même thème. Un film documentaire, Entre les plis, a par ailleurs fait l’objet de 25 projections publiques suivies de débats. Le projet a également donné lieu à la conception de quatre webinaires suivis par 250 internautes ; d’un jeu ("Coopérer !") qui a intéressé une centaine de joueurs, et d’un kit de présentation de la maturité coopérative à partir de dessins symboliques. "Enfin, nous avons publié des articles et des journaux d’itinérance retraçant notre parcours et nos rencontres, et présentant la chronique quotidienne de nos découvertes dans ce qui fut un grand moment de partage humain" conclut Patrick Beauvillard. Récurrente à travers l’ensemble de ces supports et médias, la notion de maturité coopérative gagnerait, selon les porteurs du projet, à être incluse dans la conception des futures politiques publiques, tant au niveau théorique que pratique.