Réunir - AF : le réseau national pour l'agroforesterie [MCDR]

Agriculteurs, éleveurs, conseillers en agroforesterie, techniciens agricoles, référents régionaux… Ils étaient nombreux, début juin 2022, à avoir fait le déplacement à Calenzana (Haute-Corse) à l’invitation de l’Office du Développement Agricole et Rural de la Corse (ODARC) et de REUNIR-AF. Au programme de cette journée : visite d’un éleveur, d’un viticulteur et d’un maraîcher, présentation des techniques d’intégration de l’arbre, échanges avec les conseillers en agroforesterie et retours d’expériences : "J’ai constaté un meilleur enherbement dans les parcelles où j’ai planté des arbres" témoignait Thierry Acquaviva, éleveur bovin-caprin, au micro de France Bleu RCFM. Il en est convaincu, la présence d’arbres sur son exploitation est un véritable atout pour ses bêtes.

La force du collectif

Ces contacts au plus près du terrain, cette volonté d’échanger et de co-construire avec les acteurs des territoires est au cœur de l’expérimentation REUNIR-AF. "Il était primordial pour nous de travailler dans une logique de réseau national et régional, rappelle Baptiste Sanson, responsable de projets à l’AFAC et co-animateur du projet. Le MCDR a ainsi reposé sur un important réseau de 23 référents régionaux issus des Chambres d’Agricultures et de structures locales ou régionales œuvrant au développement de l’agroforesterie, telles que l’association Haies Vives d’Alsace ou la Mission Haies d’Auvergne. "Leur objectif ? Nouer des liens avec les pouvoirs publics et les autorités de gestion des Programmes de développement rural (PDR), de la Direction régionale de l'Alimentation, de l'Agriculture et de la Forêt (DRAAF), de la direction départementale des territoires (DDT) ou encore des Réseaux ruraux régionaux", ajoute Léa Lemoine, chargée de mission agroforesterie à Chambres d’agriculture France et co-animatrice de l’expérimentation. Les référents de REUNIR-AF ont aussi été impliqués dans "Plantons des Haies" Lancé fin 2020 dans le cadre du plan France Relance, ce programme national alloue une enveloppe de 50 millions d’euros à la plantation de 7 000 km de haies et d’arbres d’alignement d’ici fin 2022. "Impliqués auprès des agents du Ministère, nos référents ont pu être force de proposition en offrant des pistes d’amélioration et en remontant leurs observations de terrain pour devenir ainsi des interlocuteurs privilégiés en matière d’agroforesterie", souligne Baptiste Sanson.

Simplifier les aides à la plantation

REUNIR-AF a également formulé plusieurs notes et propositions afin d’encourager l’intégration des systèmes agroforestiers dans les politiques agricoles publiques dont la PAC. "Notre enquête préliminaire a révélé que l’arbre est encore trop souvent perçu comme un élément contraignant pour les agriculteurs, une perception qui se traduit souvent dans les programmations des politiques publiques", souligne Léa Lemoine. Les partenaires du projet plaident donc en faveur d’une clarification et d’une simplification des dispositifs d’aides incluant le conseil et l’accompagnement des agriculteurs qui cherchent à intégrer des éléments arborés (haies, arbres) au sein de leur exploitation.

Un concours pour distinguer les pratiques agro-écologiques

Le projet REUNIR-AF a également permis de lancer en 2018 une première édition du concours des pratiques d’agroforesterie. Celui-ci a ensuite été intégré en tant que catégorie au concours des pratiques agroécologiques du Concours Général Agricole afin de mettre en lumière des agricultrices et des agriculteurs soucieux de restaurer ou de préserver l’équilibre agroforestier de leur territoire. Après deux éditions réussies en 2020 et 2021, le cru 2022 a notamment récompensé Sébastien L’Hostis, gérant de l’EARL Les Mûriers blancs à Ploudalmézeau dans le Finistère. Il y a planté plusieurs haies intra-parcellaires qui lui ont permis d’étendre son pâturage et les zones d’ombres pour ses animaux. Une démarche ambitieuse et éco-responsable défendue par l’agriculteur : "Je construis un modèle de ferme agroforestière qui sera très certainement un atout de poids non seulement pour sa transmissibilité, mais également pour la résilience du territoire face au changement climatique."

C’est une ambition similaire qui anime Ema et Ludovic Compang, couple d'exploitants lozériens lauréats de la catégorie Gestion. Les haies bocagères plantées dans leurs champs servent à la production de bois bûche et de bois déchiqueté utilisé pour le paillage des animaux. Un atout économique qui s’ajoute à la préservation des paysages et des écosystèmes. Autre lauréat dans la catégorie Gestion, l'éleveur breton Alexandre Romain valorise quant à lui les haies de son exploitation en bois de chauffage, soit une production de 40 à 60 m³ par an de bois fendu, scié et séché.

Aborder tous les aspects de l’agroforesterie

La dynamique collective de REUNIR-AF a fourni également aux différents groupes de travail de nombreuses thématiques en prise avec les réalités du terrain : "Certains de nos livrables ont été inspirés ou réorientés vers des problématiques précises suite aux informations remontées par nos référents régionaux telles que la réglementation des parcours volaille arborés, le sylvo-pastoralisme ou encore la gestion de la faune sauvage", conclut Léa Lemoine.